Le cas de la pile à lire

Comme tout grand lecteur qui se respecte, tu as une pile à lire (PAL, de son petit nom), sur tes étagères. Ce qui devait n’être qu’un rayonnage de bibliothèque avec les quelques livres à lire prochainement s’est développé (à l’insu de ton plein gré) en un meuble entier, dans ton bureau, dans ton salon, dans ta chambre, bref, partout où il y a un peu de place.

Tu as tenté de la ranger : il y a les grands formats, les poches, les classiques à lire un jour pour ne pas mourir idiote, les rebuts qui finiront chez Pêle-Mêle, ceux dont tu as vaguement lu trois lignes et qui sont relégués à un « pour plus tard » éventuel, et la pile urgente. Urgente = impérieuse = les livres achetés tout récemment, là, ils sont encore tout chauds, ils brûlent d’être lus. Mais comme tu as deux enfants, un chat, un mari, et Netflix, ça prend du temps. Qu’importe, me direz-vous ! Et bien non, là est tout le drame.

Car, entre temps, tu ne peux pas t’empêcher d’en acheter d’autres. Des nouveaux livres tout frais qui, gentiment, poussent un peu sur le côté ceux de la pile urgente, qui soudainement ne semblent plus aussi appétissants que les nouveaux venus (la dure loi de la vie, applicable dans plein de domaines). Et donc, tout à coup, ta pile à lire devient une montagne, et les bouquins s’accumulent, et tu ne sais plus où donner de la tête, ni quoi lire en premier car il y a toujours une nouveauté qui te fait de l’oeil sur Instagram et qu’il te faut absolument et vite !

La nouveauté qui a été repoussée par une autre nouveauté un poil plus neuve prend un peu la poussière et patiente gentiment alors les classiques, penses-tu, c’est vraiment pour le jour où il n’y aura plus RIEN d’autre. Un jour où les librairies fermeront. Pour un confinement, tiens, pourquoi pas, bloqué chez toi à rien foutre, autant lire un petit Woolf, un petit Maupassant, voire un petit Fitzgerald, non ?

Oui, mais attends, il y a toujours moyen de commander un livre, hein, minute, là, avant d’en arriver aux extrêmes. Oui, oui, tu pourrais recevoir le dernier Coben/Levy/Grimaldi en 2 jours à peine si tu commandes sur Amoizone. Oui.

Ou, tu pourrais boycotter, décider d’en finir avec cette accumulation de bouquins, donner sa chance à toutes ces pages qui n’attendent que d’être lues, trier au moins, donner ce qui ne t’intéresse plus, et, enfin, LIRE.

Allez, tu peux tout de même jeter un oeil sur Instagram va, ne pleure pas. Et prendre note, dans tous tes jolis carnets qui s’accumulent (un petit souci psychologique non ?), écrire pour plus tard les titres intéressants. Pour la vie d’après. pour quand tu pourras sortir sans masque, respirer l’air librement, rentrer dans un magasin sans te faire sproutcher sur les mains un gel qui pue.

Quand tu pourras embrasser tes parents. Le monde d’après. On va y arriver.

En attendant, lis !

13 commentaires sur « Le cas de la pile à lire »

  1. OK, j’ai une PAL Et le bon prétexte de mai à octobre , c’était ‘aidons les librairies’ et ‘prépare le prochain confinement’. Et je me suis ruée sur mes médiathèques. (des nouilles et du PQ, j’en ai assez)(heu, les livres aussi mais c’est pas pareil)
    Bah, j’assume!

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  2. Je ne sais pas si cela te rassure, mais malgré le départ des deux enfants, et le fait que je n’ai pas Netflix (il me reste le chat, le mari, et un boulot prenant…), le constat est exactement similaire en ce qui me concerne (ma PAL culmine à plus de 200 titres, et j’ai encore une commande de 5 titres à aller retirer en librairie, solidarité oblige, comme dirait Keisha !!). Bon j’ai quand même fait un peu de tri lors du 1er confinement, puisqu’elle dépassais les 300 ouvrages (cela m’a arraché le cœur, mais je me suis débarrassé de ceux que je n’aurais probablement jamais lus, finalement…).
    Chouette article en tous cas, qui permet de se sentir moins seule !!!

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