« Hamnet », Maggie O’Farrell

Comme je l’attendais, ce roman !

Depuis mon coup de foudre pour « I am, I am, I am », je brûlais de lire à nouveau Maggie O’Farrell et qu’elle me renverse encore. Car, pour patienter, j’ai lu l’un ou l’autre de ses anciens romans qui ne m’avaient pas convaincue.

« Hamnet », à l’opposé, m’a transportée ailleurs, m’a fait vibrer et pleurer comme une madeleine.

Sans jamais le nommer, Maggie O’Farrell nous parle de la vie intime de William Shakespeare. De son petit garçon oublié par l’Histoire, Hamnet, mort à 11 ans, et qui lui inspira probablement sa pièce la plus célèbre. Sans le nommer pour ne pas être écrasée par son nom ?

D’une écriture splendide, l’auteure nous propulse dans la campagne anglaise de 1596, aux côtés d’Hamnet et de sa soeur jumelle Judith, gravement malade. Le père est à Londres, occupé avec son théâtre. Hamnet cherche désespérément à prévenir quelqu’un de l’état de sa soeur.

Pourtant, c’est lui qui mourra.

Ce roman est, plus que l’histoire de Shakespeare, avant tout celui du deuil parental et des sacrifices d’une femme pour son mari. Agnès, l’épouse dans l’ombre, restée à la campagne avec les enfants, femme libre et considérée comme une guérisseuse, se retrouve confrontée à cette maladie, ce fléau, contre laquelle elle ne peut rien.

La main toujours sur la bouche, Agnes regarde sa fille de haut en bas. Celle qui a fréquenté les malades, les souffrants, les convalescents, les simulateurs, les endeuillés, les fous, pense : Il n’y en a plus pour longtemps.
L’autre partie d’elle, celle qui a langé, bercé, soigné, caressé, nourri, habillé, étreint, embrassé cet enfant pense : Ce n’est pas possible, cela ne peut pas arriver, par pitié, pas elle.

Il y a, dans « Hamnet », des pages sublimes de tristesse sur le deuil, sur la douleur de perdre un enfant. J’ai sangloté en le lisant et, la vision floue, j’ai dû faire une pause dans ma lecture. Maggie O’Farrell m’a touchée en plein dans mon coeur de mère, de lectrice, de femme.

Un gigantesque coup de foudre pour ce roman passionnant, au style magnifique, au sujet original.

Hamnet se sera plus jamais oublié.

« Hamnet », Maggie O’Farrell, Belfond, 2021, 359 pages de bonheur

7 commentaires sur « « Hamnet », Maggie O’Farrell »

  1. Même sans rien savoir des thèmes évoqués, je le voulais ce titre ! Ce que tu en dis est très accrocheur, je ne savais même pas que Shakespeare avait eu des enfants … Mais c’est la période historique et la sensibilité de l’auteure qui m’attirent le plus.

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